Créer un jeu de société : les règles de l'équilibrage !

Créer un jeu de société réclame une bonne dose de mathématiques. Mais attention, il y a certaines règles à respecter car il faut savoir gérer la fameuse courbe "ennui / frustration" qui est l'une des règles phares en Gamification. Focus sur ce sujet clé si vous n'êtes pas encore adepte de ce point technique clé !

Créer un jeu de société : Le point n*1 en équilibrage

Un jeu de société est un être à plusieurs facettes. Une sorte de caméléon qui doit si possible s'adapter à de multiples environnements. L'un d'entre eux est de faire jouer les enfants. Ces derniers ont des critères d'amusement bien différents de ceux des parents. Recherchant la possibilité d'être "égal à égal" avec les adultes, un enfant ne va pas attendre d'un jeu qu'il soit stratégique et complexe. Bien au contraire ! Il veut qu'il y ait des "coups du sort", des revirements de situation, des coups de dés qui changent toute la partie. Bref, il réclame...de la chance ! C'est la raison pour laquelle les succès "grand public" sont des jeux comme La Bonne Paie où seule la chance dicte la résultat final. Il n'y a quasiment aucun degré de liberté possible donné au joueur. Il lance le dé et subit la règle de la case sur laquelle il tombe. Il ne se retrouve jamais noyé entre 3 ou 4 choix possibles. Pourquoi un enfant est-il systématiquement attiré par ce type de gameplay plutôt qu'un jeu stratégique qu'il appréhenderait avec autant de facilité ? Sachez qu'il est tout à fait possible de faire jouer le célèbre jeu Dominion à des enfants de 7ans. Ces derniers assimilent très vite les règles de chaque carte. Mais force est de constater qu'un adulte lambda gagnera toujours à ce genre de jeu, quelle que soit la bonne volonté du joueur plus novice. La puissance de calcul du cerveau adulte surpassera toujours celle de l'enfant. Et même si ce dernier se construit un deck qui tourne bien, l'adulte anticipera toujours le meilleur moment pour acheter les cartes "domaine" et plier la partie avant que l'enfant ne puisse remporter la partie. C'est ainsi. Sur cent parties, un enfant de 7 à 9ans peut se retrouver à ne gagner que 2 ou 3 parties ce qui lui semblera bien peu gratifiant par rapport aux efforts qu'il a déployés. Bref, sa motivation en prend un coup. Son envie de rejouer sera bien plus faible que sur des jeux où seuls les dés donnent le sens du vent. Regardez les petits chevaux ! Quels sont les choix tactiques offerts aux joueurs ? Décider quel cheval sera à avancer ! On lance le dé, on fait un choix très sommaire et le tour est joué. On avance un peu dans l'échelle des choix stratégiques mais reconnaissez que c'est bien maigre. Et pourtant les enfants adorent y jouer ! Par conséquent, le premier principe à retenir est qu'un jeu doit être avant tout ouvert à la victoire de tous les participants. Si un jeu de rapidité n'offre la victoire qu'au seul et même joueur dont le processeur interne carbure à un rythme 3x plus élevé que les autres joueurs, alors ce jeu ne deviendra pas un bestseller.

Créer un jeu de société : Le point n*2 en équilibrage

Le second point à retenir pour créer un jeu de société est qu'une règle ne doit pas forcément offrir les mêmes chances de gagner aux joueurs selon les configurations dans lesquelles ils se retrouvent. Ce point d'équilibrage est une question clé là encore. Donnons quelques explications pour que vous compreniez bien. Connaissez-vous Mario Kart ? C'est un jeu de course sur console et non un jeu de société mais cela permet d'illustrer un point de Gamification essentiel :  le dernier joueur a un avantage par rapport aux autres ! Dans ce jeu, pour lisser les chances de chaque pilote, il est offert un outil qui s'appelle la "carapace rouge" et qui permet de dézinguer les karts qui sont devant. Cet objet ne sert pas au premier joueur, en tête, car il n'a personne à viser. En revanche, ses poursuivants peuvent aisément le shooter et lui faire perdre du temps, ce qui va rebattre les cartes et redynamiser la course en cours. Voilà un principe ludique qui permet de garder tout le monde sur un même pied d'égalité ! C'est ce principe qu'il faut garder en tête ! Chacun a les mêmes chances, mais les meilleurs pilotes gagneront toujours sans une intervention des principes de gamification. D'où l'emploi d'astuces comme celle-ci ! Dans ce même thème, mais sous un angle totalement différent, regardez pourquoi le jeu de cartes "Le Président" (ou "le truc du c**" selon les régions) est un vrai succès populaire. Tout simplement parce qu'il propose une expérience qui prend à contre-pied cet élément du lissage des chances de gagner. Le premier joueur gagne systématiquement des cartes plus fortes en début de manche et il enfonce le dernier joueur encore plus car c'est à lui qu'il les pique ! Cela rend le jeu pimenté à souhait et rend la dernière place encore plus difficile à jouer ! Le jeu en joue clairement car c'est ce qui le rend drôle ! On a envie de voir un bouc-émissaire qui subit cette dernière place et souffre en silence en pleine atrocité ludique et en plein désavantage ! C'est là où vous comprenez l'importance de cette courbe "ennui / frustration" ! Il y a des combos possibles et des choix de créateur à faire pour mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. C'est là où créer un jeu de société devient un véritable art !

Créer un jeu de société : Le point n*3 de l'équilibrage

L'ennui dans un jeu, qu'est-ce que c'est et comment le contourne-t-on ? S'ennuyer à un jeu n'est pas forcément si perceptible que cela en première couche. Prenez des excellents jeux comme Smilelife. Le début de partie est fun car on découvre l'environnement...etc. Mais de très nombreuses fois on se retrouve un peu bloqué dans des configurations où on n'avance pas et où on voit les autres joueurs obtenir les bonnes cartes, alors que nous non. Ce jeu est dans la catégorie dite des jeux "à collection". Vous devez rassembler certains types de cartes, dans un ordre défini et selon des règles établies. Si vous n'avez pas les bonnes cartes en main, vous perdez des temps et vous ne progressez pas. Si cela dure 4 ou 5 tours, votre cerveau commence à réclamer un peu d'action. C'est le début de la frustration mais ce n'est pas ce qui tue l'envie. Il suffit d'une carte pour relancer tout le piment du jeu donc cela va. Mais si soudainement, vous réalisez qu'en réalité vous ne rattraperez jamais les autres joueurs, alors là votre cerveau tombe dans l'excès inverse d'interprétation : il se dit qu'il est totalement inutile de finir la partie et là il sombre dans l'ennui le plus total ! Une bonne carte pourra tomber et l'aider à progresser dans son jeu, si ce déclic psychologique a eu lieu et si véritablement les chances du joueur sont nulles de remporter la partie, alors il y a un énorme souci. Créer un jeu de société c'est cela le métier ! S'affronter à ce genre de question absolument critiques ! Vos séances de playtests sont là pour observer les réactions de vos participants. C'est ce qui doit dicter vos arbitrages finaux. Vous pouvez créer la meilleure mécanique du monde, si celle-ci place les joueurs dans un "corner d'ennui", alors vous serez obligé de faire évoluer votre concept. Aux échecs, c'est la raison pour laquelle un joueur peut abandonner. Une fin de partie absolument injouable n'a aucun intérêt pour personne. Lorsque le sort est scellé, mieux vaut arrêter. C'est le drame du Monopoly lorsque les parties deviennent trop longues, voir interminables. Mais c'est un peu la même chose avec Risk. Il y a des moments où le jeu perd de sa saveur si le combat n'est plus proportionné. Un jeu comme iMagicien est très bien conçu par exemple. Son auteur Olivier Mahy a imaginé un jeu de dessin qui se joue en simultané et qui n'exige aucune compétence en dessin justement. A la différence des autres jeux où un vrai talent graphique peut faire la différence, ici tout le sel de la mécanique est de suivre des symboles et de se limiter à faire des traits (droits ou courbés). Sa mécanique est innovante et franchement fun. On prend beaucoup de plaisir. En termes d'équilibrage, le jeu est ainsi bien pensé ! Un enfant de 8ans a autant de chance de gagner qu'un adulte de 40.

Créer un jeu de société : Le point n*4 de l'équilibrage

Créer un jeu de société c'est aussi faire face à la frustration. A quoi correspond ce concept ? Prenez le jeu "Hotel" que vous jouiez lorsque vous étiez petit. Il est bien mieux conçu dans ses règles que le jeu Monopoly. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est plus aisé de racheter les terrains acquis par les autres joueurs ! Là où au Monopoly on se retrouve très vite frustré de ne pas posséder telle ou telle avenue, durant une partie du jeu "Hotel" on peut reprendre la main sur un terrain tant qu'il n'est pas encore bati ! Et cela change tout ! Ce simple choix de gamification transforme le jeu ! On en vient même à aller acheter des terrains moins intéressants car ils seront moins "concurrentiels" et que leur avantage réside justement dans le fait qu'ils sont moins intéressants. Cela ouvre la porte à des stratégies alternatives. C'est très bien vu d'un pur point de vue conception. Dans les jeux d'adresse aussi, il y a parfois des problèmes de frustration, le mikado, le docteur maboul...quelqu'un qui tremble perdra forcément la partie et n'aura pas pris de plaisir à sa partie. Pour lisser ce genre de point problématique, on peut prévoir dans sa mécanique que le joueur dont c'est le tour peut sélectionner celui qu'il veut autour de la table pour réaliser l'action. Cela pimente et cela offre une chance au joueur maladroit de prendre du plaisir et de gagner, sans avoir à jouer !

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Créer un jeu de société est par conséquent un vrai cocktail de réflexions. Si vous avez envie d'en savoir plus, alors cet ouvrage est fait pour vous ! Plus de 11.000 lecteurs ont déjà bénéficié de ses 300 pages !

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