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Découvrez tous les secrets de l'industrie des jeux de société en lisant ce livre !

Interview d'un auteur de jeux de société au parcours exemplaire : Philippe Keyaerts !

1- Philippe Keyaerts, vous êtes un auteur de jeux de société très connu pour vos jeux à succès comme Vinci et plus récemment SmallWorld. Quel est votre parcours personnel et quel fut le déclic qui vous a poussé vers la création ? 

 

Philippe Keyaerts : J’ai beaucoup joué en famille. Nous somme six frères et sœurs, ça faisait déjà presque un club ! A force de jouer, l’envie de créer vient presque naturellement, des variantes d’abord, des systèmes, l’envie d’un jeu qui n’existe pas… Probablement aussi le fait que j’ai toujours aimé réfléchir à un jeu en dehors des parties, d’en analyser les stratégies et la mécanique. C’est déjà se mettre un peu dans la peau de l’auteur. Puis le proto de Vinci a gagné un prix au concours de Boulogne et a trouvé un éditeur sans que j’aie besoin de faire du porte-à-porte.

 

2- SmallWorld est un jeu de prise de territoire et en cela l'un des dignes successeurs du plus traditionnel "Risk". Comment expliquez-vous le succès spectaculaire du jeu ? Quels sont les ingrédients magiques qui ont fait de lui l'un des hits de ces 12 derniers mois ?

 

smallworld-jeu_352.jpgPhilippe Keyaerts : On peut se taper dessus sans se faire mal, puisque si son peuple souffre trop on en prend un autre. C’est un jeu de confrontation sans les problèmes habituels de se faire éliminer ou de devoir faire de la figuration jusqu’à la fin de la partie parce qu’on a trop perdu. J’ai essayé de le rendre aussi accessible que possible, alors qu’il est à peine plus simple que Vinci, pourtant étiqueté « joueur ». Le thème et les illustrations jouent également beaucoup. Je l’ai vu lors de conventions, les enfants surtout, s’arrêtent devant, ils ont envie de savoir ce que c’est. Je crois que Smallworld a rencontré un large public. J’y joue avec mes amis, qui sont plutôt de gros joueurs, mais aussi avec des enfants de 5-6 ans. OK, ils ne vont pas comprendre toutes les finesses du déclin, et ils vont se ruiner pour jouer absolument avec les squelettes, mais au final ils s’amuseront jusqu’au bout, et c’est le principal.

 

3- Quels sont les jeux qui ont retenu votre attention ces derniers mois ? Après la mode des jeux coopératifs, quelles sont à votre avis les mécaniques qui devraient avoir le vent en poupe ces 12 prochains mois ? Y-a-t-il certains prototypes en lesquels vous croyez beaucoup ? 

 

Philippe Keyaerts : Peu de coups de cœur ces derniers temps, à part Linq, Peloponnese, et Dixit qui est déjà un peu plus ancien. J’ai bien apprécié Endeavour, Macao et l’extension Agricola. Je ne placerais pas les jeux coopératifs à part des autres. Tous les jeux sont coopératifs, les joueurs construisent quelque chose ensemble. La compétition n’est qu’un moteur. Bien sûr il faut essayer de gagner, c’est ce qui fournit le challenge à ses partenaires, mais l’important c’est d’essayer, pas d’y arriver. Pour l’avenir, je suppose que Dominion va inspirer beaucoup de monde. Qu’on aime ou pas, c’est typiquement le genre de jeu novateur qui ouvre toute une voie de création, comme le Seigneur des Anneaux avec les jeux coopératifs, ou Magic en son temps. A Essen, je vois bien 7 Wonders faire un carton. J’ai eu l’occasion de tester le prototype, c’est du solide.

 

4- Vous qui êtes au sein même des cercles de créateurs de jeux, que pouvez-vous nous dire de l'ambiance qui y règne ? On voit énormément de création en duo, est-ce quelque chose qui vous attire ? Pensez-vous sortir prochainement un jeu en co-création avec un autre auteur connu ?

 

Philippe Keyaerts : Je trouve le milieu des joueurs particulièrement sympathique. Outre qu’il développe la fibre sociale, le jeu est un loisir actif et créatif. Forcément ça déteint sur le milieu professionnel. Bon, il doit bien y avoir des conflits par ci par là, mais plutôt moins que dans d’autres milieux. Le fait que le jeu de société ne brasse pas de fortunes doit également aider à maintenir l’ambiance générale. Il m’est arrivé de parler vaguement de co-création, mais ça ne s’est jamais concrétisé. Je n’ai rien contre l’idée.

 

5- De manière plus générale, que pensez-vous de l'univers actuel des jeux de société ? Les créations françaises ont le vent en poupe avec Dixit qui a remporté le Spiel des Jahres ? Confirmez-vous l'excellent rebond que connaît le marché des jeux de société en France ?

 

pic174105_t.jpgPhilippe Keyaerts : En Belgique en tout cas ça se passe bien ! Il y a un décloisonnement de plus en plus sensible, le jeu achève de perdre son étiquette « enfant ».  On en parle dans la presse et les médias, ce qui est relativement récent. Côté marché, la nouveauté c’est le nombre de jeux qui sont édités. Il y a quelques années, j’arrivais encore à suivre les sorties, mais maintenant ce n’est plus possible. Le phénomène n’est pas facile à analyser. Marché en augmentation ? Edition plus accessible ? L’avantage, c’est que dans la masse, il y a vraiment du bon, mais par contre beaucoup de jeux n’ont une durée de vie que de quelques mois. Personnellement, je préfère les jeux qui durent, qui m’apporteront encore des surprises après trente parties, mais des goûts et des couleurs…

 

Jeuxyannick remercie Philippe Keyaerts pour sa participation à ce blog et lui souhaite un long succès pour Smallworld, à découvrir aux éditions Days of Wonder !

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