Découvrez tous les secrets de l'industrie des jeux de société en lisant ce livre !
1- Vous êtes l'auteur du célèbre jeu "Cash'n Gun$" et votre dernier jeu, "Cyclades", fait beaucoup parler de lui dans les médias spécialisés. Pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a attiré vers l'univers des jeux de société ?
Ludovic Maublanc : J'ai joué étant jeune, comme tout le monde aux jeux MB, Parker, les classiques... mais au début de l'adolescence, alors que le jeune humain s'arrête de jouer pour faire des trucs plus intéressants comme réparer des mobylettes, j'ai découvert le jeu de rôle et j'ai continué à jouer... à l'époque je ne savais même pas qu'il existait des suppléments avec des scénarios et tout. Donc, j'ai directement joué en inventant mes propres histoires... c'est une habitude que j'ai gardé même après avoir découvert le vaste univers du jeu de rôle des années fin 80/ début 90. C'est à cette époque que je découvre aussi les "jeux de plateau" avec les jeux Descartes (Civilisation, Junta, tout ça). Finalement, comme tous les vieux rôlistes, je finis par lâcher les D10 pour les jeux de société qui sont beaucoup moins chronophages. Mais comme j'avais commencé à créer mes propres jeux de rôles, je me suis tout naturellement mis à créer mes propres jeux de société. Bref, je ne me suis pas dit du jour au lendemain "je vais créer des jeux"... c'est une évolution qui s'est faite naturellement au cours du temps.
2- Vous avez collaboré avec Bruno Cathala pour la création de "Cyclades" et "Mr Jack in New York" et vous avez un projet de jeu en co-création avec Antoine Bauza. Pouvez-vous nous éclairer sur le travail en équipe dans l'univers des jeux de société ?
Ludovic Maublanc : Il faut savoir que chaque tandem fonctionne différemment. Par exemple, avec Bruno, ça marche généralement avec un système de "à toi, à moi". L'un de nous commence le jeu, fait la passe à l'autre qui apporte de nouvelles idées, puis on s'échange le bébé jusqu'a avoir une version qui tient la route... après, on attaque les tests, les réglages... c'est clairement la partie que j'aime le moins. D'ailleurs, les jeux que j'ai signés tout seul sont des jeux qui fonctionnaient du premier coup sans beaucoup de tests derrière. Si ça coince, ça me fatigue vite et j'ai envie de passer à autre chose. C'est aussi pour ça que j'aime travailler à deux, car il y a quelqu'un qui peut te relancer quand tu as un coup de "moins bien". L'autre gros avantage du travail à deux c'est que l'un va rebondir sur une idée de l'autre dans une direction que le premier ne pouvait pas prévoir.
3- Vit-on bien du jeu de société au jour d'aujourd'hui ? Que conseilleriez-vous à de jeunes créateurs pour optimiser leurs chances de réussite ?
Ludovic Maublanc : Le premier conseil que l'on peut donner à un auteur de jeux qui veut en vivre, c'est: "change d'idée" ;-) En France, les auteurs qui vivent uniquement du jeu sont très rares. C'est possible si l'on est son propre éditeur, si l'on fait un succès à la Jungle Speed ou encore si l'on multiplie les commandes. Pour ma part, ca ne m'intéresse pas vraiment (enfin, sauf pour le succès à la Jungle Speed :-). Pour moi, la création de jeu n'est pas un métier avec des objectifs, des échecs et des réussites... je fais juste ce que j'aime faire. Quand un éditeur trouve ça cool et qu'il veut produire mon jeu c'est super ! Quand les gens aiment mon jeu, je trouve ça génial. Mais je ne crée pas mes jeux en pensant à un éditeur potentiel ou à la cible visée... donc, je n'ai absolument aucune idée de comment on optimise ses chances de réussites... enfin, si, il faut se faire plaisir avant tout... il y aura bien un éditeur et des joueurs qui prendront le même plaisir que vous et là, c'est gagné !
4- Les créateurs de jeux français ont-ils un style qui se démarque des créateurs étrangers ? Quelle est l'image du jeu de société tricolore lors de salons tels que celui d'Essen en Allemagne ?
Ludovic Maublanc : Si les styles de jeux étaient très tranchés il y a quelques années, entre l'école Allemande et l'école Américaine, c'est de moins en moins vrai. En tant qu'auteur, on est forcément influencé par les jeux auxquels ont joue. Or, depuis quelques années, il est de plus en plus facile de connaitre et de se procurer les jeux qui sortent un peu partout dans le monde. Les américains introduisent des mécanismes à l'allemande dans leur jeu et les allemands de leur coté louchent de plus en plus sur des thèmes forts... ce qui était un peu la particularité de l'école Française, le mélange des styles, finit par devenir la norme... et c'est tant mieux, car c'est de ce genre de mélange que le meilleur peut ressortir.
5- Quels sont les challenges que vous n'avez pas encore atteints dans l'univers de jeux de société ? Et quels seront vos milestones pour 2010 et 2011 ?
Ludovic Maublanc : Dans la vie, je ne me fixe jamais le moindre objectif et j'ignore tout du concept de challenge ou de compétition... je fais les choses comme elles viennent et si ça me fait plaisir. Pour cette année, j'ai pas mal de projets déjà bien avancés avec plusieurs amis auteurs. Pour ce qui est de ce qui sortira en boutique, il y a Mr Jack Pocket et le Donjon de Naheulbeuk qui ne vont pas tarder... deux jeux créés en équipe avec Bruno Cathala pour le premier et Antoine Bauza pour le second. Il y a aussi les Agents Doubles qui devraient finir par sortir un de ses jours, un jeu réalisé avec Bruno Faidutti, mais je n'ose plus donner de date. Puis, pour 2011, on a fait pas mal de choses avec Bruno Cathala ces derniers temps qui devraient s'égrainer au cours de l'année prochaine...il y aura notamment des extensions pour nos deux derniers jeux... à suivre :-)
Jeuxyannick remercie Ludovic Maublanc pour sa participation à ce blog.