Découvrez tous les secrets de l'industrie des jeux de société en lisant ce livre !
Jeuxyannick a le plaisir d'accueillir aujourd'hui sur ses pages un créateur plein de dynamisme et qui a le goût du challenge entrepreneurial : Régis Bonnessée !
1- Vous êtes à la tête d'une toute jeune société d'édition. Pourriez-vous nous raconter les premiers pas de votre projet et l'expérience de la parution de votre premier jeu ?
Régis Bonnessée : A la base je ne m’étais jamais véritablement destiné à devenir éditeur. Libellud c’est avant tout une belle rencontre, celle de Jean-Louis Roubira, l’auteur de Dixit, que j’avais croisé pour la première fois il y a près de 10 ans sur le Festival des jeux de Parthenay. On présentait chacun à l’époque un prototype : lui Jéricho, un jeu de stratégie abstraite à 2 joueurs, et moi Colony un gros jeu à l’américaine. Habitant tous les deux Poitiers nous avons été amené à nous revoir et nous somme tout simplement devenus amis. Il y a de cela 5 ans il m’a présenté ce qui était alors l’ancêtre de Dixit : « Imago ». J’ai tout de suite eu un gros coup de cœur pour ce jeu. J’ai tenté de le présenter à divers éditeurs… Mais sans succès au final. C’est à ce moment qu’on a pris la décision avec Jean-Louis de franchir le cap de l’édition. J’ai alors participé à différents concours liés à la création d’entreprise, convaincu une banque de me suivre, trouvé des partenaires… Plus d’une année au total passée à essayer de trouver les financements. Une fois cette étape franchie fallait-il encore trouver un illustrateur capable de mettre en image le jeu. J’ai alors passé des annonces sur des sites spécialisés, dans certaines écoles des Beaux Arts et puis se fut la rencontre avec Marie Cardouat qui avait eu vent du projet par un ami à elle qui avait vu l’annonce. Quand elle m’a envoyé son book c’était une évidence, c’était elle qu’il fallait au projet. S’en est suivie une rencontre à Paris entre nous trois. L’alchimie était présente. Un an de développement plus tard la belle aventure commençait.
2- Combien d'exemplaires en aviez-vous produit ?
Régis Bonnessée : Le premier tirage était de 5000 exemplaires dont 1000 étaient déjà pré-vendus à des partenaires régionaux. Aujourd’hui c’est plus de 60000 exemplaires qui ont été ou sont sur le point d’être produits. Sans compter Dixit 2 qui a connu un très bon lancement. Un vrai « conte de fée » pour nous en somme !
3- Est-il difficile de trouver des bons prestataires imprimeurs ?
Régis Bonnessée : Le milieu du jeu est une petite communauté et les fabriquants ne sont pas légions. Avoir accès à de bons fabricants n’a pas été la chose la plus difficile dans le projet. L’étape la plus délicate reste toujours celle du financement. Sachant qu’en plus au final on n’a jamais la garantie quand on se lance de rentrer dans son investissement.
4- Comment vous êtes-vous organisés pour la distribution de votre jeu ?
Régis Bonessée : Yves Renou qui dirige Paille Editions était un ami. C’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers lui pour distribuer le jeu. Je suis quelqu’un qui marche énormément à l’empathie et au « feeling » et c’était le cas avec Yves. De plus le fait qu’il soit un « petit » dans le monde de la distribution nous permettait de rester régulièrement en contact. Il y avait quelque chose de rassurant dans cette démarche.
5- Pourriez-vous nous décrire vos prochains projets de jeux et les grandes lignes de votre politique éditoriale ?
Régis Bonnessée : Notre prochain projet tournera autour de l’univers des contes de Grimm. Le nom du jeu « Grimm » n’est pour le moment pas définitif et sera surement amené à changer. Dans l’avenir on va continuer à proposer des jeux autour de l’imaginaire, toujours avec une forte immersion graphique. On pense aussi à développer une autre gamme mais il est encore trop tôt pour en parler.
6- Que pensez-vous de l'univers actuel des jeux de société ? Voyez-vous une grande tendance se dessiner pour les cinq prochaines années ?
Régis Bonnessée : C’est un univers dans lequel j’ai fait tellement de belles rencontres. Tout plein de gens différents qui mettent cette même ardeur à faire partager leur passion. Un milieu riche et stimulant en somme. Pour ce qui est de l’avenir, et cela se dessine déjà, je vois un marché de plus en plus concurrentiel. Tant au niveau de la qualité que de la quantité. De plus en plus de jeux vont être amenés à sortir et comme le marché n’est pas extensible, il n’y aura pas forcément de la place pour tous. Il y a 10 ans c’était différent, il y avait beaucoup moins de parutions, et un jeu pouvait prendre le temps de s’installer. Aujourd’hui un jeu doit faire ses preuves en un temps très court ou disparaitre.
7- Etiez-vous présents au festival des Jeux de Cannes ? Comment appréhendez-vous ce type d'exercice ? Quelle est la bonne formule pour un festival réussi ?
Régis Bonnessée : On est vraiment super heureux à chaque fois, que cela soit moi, Marie ou Jean-Louis de participer à de tels événements. On peut échanger avec notre public, revoir des professionnels du monde du jeu que l’on n’a pas l’occasion de voir autrement. Dans le lot, Cannes a très certainement une petite dimension affective supplémentaire pour nous car c’est un peu là que tout à commencé.
8- Que pensez-vous des nouveaux supports numériques ? Imaginez-vous sortir un jour un jeu sur des tablettes graphiques telles que l'iPad ?
Régis Bonnessée : Personnellement je m’intéresse de très près à ces nouveaux médias. Mais je les vois plus comme un moyen supplémentaire de faire connaitre notre passion commune : une sorte de porte d’entrée dans notre petit monde, celui du jeu de société. Après je crois personnellement beaucoup au jeu de société assisté par l’électronique/informatique. De tels projets ont déjà vu le jour mais je pense qu’en la matière on n’a véritablement encore rien vu.
Jeuxyannick remercie Régis Bonnessée pour sa participation à ce blog.