Jeuxyannick a le plaisir d'accueillir aujourd'hui le président-fondateur de Kinigame. Focus sur ce très beau projet !
1- Vous êtes le fondateur et président du projet associatif Kinigame et vous avez récemment publié votre jeu "Au tableau". Pourriez-vous nous expliquer quel fut votre parcours jusqu'à la création de Kinigame ? Antoine Riot : Tout d'abord il faut savoir que "Au Tableau" n'est pas mon premier jeu. J'ai participé (et participe encore) depuis 2002 à l'élaboration du jeu HérosDeï (living card Game Français et culture
l). Je travaillais à l'époque dans une agence de packaging parisienne, en devenant indépendant j'ai pu me pencher sur les multiples projets que j'avais rangés jusque là dans des tiroirs...Je trainais déjà beaucoup dans les salons et festivals et c'est ainsi que j'ai rencontré d'autres auteurs...KiniGame est un collectif d'auteurs qui souhaitent éditer ou faire éditer leurs projets ! En montant le projet je me suis présenté à différents concours dont le défis Jeune du ministère de la jeunesse et des sports, avec la bourse obtenu nous avons pu éditer "Au Tableau" qui était le plus pertinent de nos projets pour un premier jeu !
2- Pourriez-vous nous parler de votre jeu "Au tableau" ? Comment s'est déroulée sa conception ? Combien de temps vous a-t-il fallu pour arriver à la première maquette aboutie ? Pourquoi avez-vous fait le choix de l'édition en direct ? Pourriez-vous nous raconter une anecdote rigolote sur ce projet ?
Antoine Riot : Je pense que chaque auteur travaille différemment ! Pour ma part je suis graphiste de formation, donc quand j'ai une idée de jeu je ne peux m'empêcher de travailler sur des prototypes dès le départ...Pour "Au Tableau" c'est la même chose mais au départ il y a un constat : il existe énormément de petits jeux de mains et d'enfants dont personne n'a jamais pris le temps d'écrire les règles parce que tout le monde les connait (Chi Fu Mi, Mains Chaudes, Barbichette, ni oui ni non...). Et en même temps, de manière très injuste, ils sont sous exploités dans le jeu de société. De là l'idée de réunir ses jeux en épreuves dans une seule boite : Au tableau ! Ce sont des jeux d'enfants et de récré d'où le thème de l'école... Dans le jeu actuel les élèves doivent passer dans la classe supérieure en gagnant l'une de ces épreuves mais il fut un temps (court) où ils avaient 3 notes (cours récré cantine) et il y avait des jeux dans chaque catégorie...mais on revient très vite sur terre après quelques tests... on simplifie ! En fait en moins de 6 mois le jeu était stable, les modifications ultérieures concernaient les titres, certaines formulations,...Le plus long fut de trouver les fonds pour le produire ! Nous souhaitions avoir édité au moins un produit pour pouvoir avoir une référence avant de proposer nos services à d'autres éditeurs !
3- Que pensez-vous de l'univers actuel des jeux de société ? Est-il difficile de trouver des réseaux de distribution pour écouler ses créations ? Y-a-t-il une emprise des grosses maisons d'édition ? Antoine Riot : Avant de trouver un distributeur, il faut être en mesure d'éditer son projet. Le problème du réseau de distribution ne concerne que ceux qui éditent ! Selon le public auquel ce destine votre jeu, chaque éditeur et/ou distributeur peut être plus ou moins pertinent ! Il faut comparer son projet à leur catalogue et aller vers ceux qui ont le plus de produits comparables...Qu'est ce que c'est qu'une grosse maison d'édition ? Comparez le marché du jeu de société à celui du livre ou de la bande dessinée : combien de jeux sortent tous les ans, combien de livre, combien de BD ? Comparez les volumes de ventes de ces produits ! Nous sommes dans un tout petit monde où chacun est plutôt spécialisé, est ce qu'on peut parler de vrai concurrence quand chacun édite et distribue des produits aussi différents les uns des autres. Si un jeu de conquête vous plait vous l'achèterez même si vous en avez un autre dans ce "genre" ! Le seul risque que nous ayons c'est de voir un jour le grand public s'intéresser aux jeux de sociétés ; les vrais je veux dire pas simplement le monopoly ! Alors il y aura un risque d'emprise sur le marché, car les gros acteurs pourront, en faisant plus de pub, manger les parts de marché des petits... Cela arrive mais à notre échelle c'est du requin d'épuisette...Mais pour cela c'est d'un changement culturel dont nous avons besoin...Il faut que le jeu sorte des placards et passe un peu à la télé...
4- Etiez-vous présent au dernier festival de Cannes ? Quel est l'impact sur votre activité d'une présence sur un salon ? Est-ce un bon outil pour faire parler de son jeu ? Antoine Riot : Oui je rentre juste ! Pour l'instant l'impact est positif (financièrement) car nous bénéficions d'une table de petit éditeur plus économique qu'un grand stand, et les ventes que nous opérons sur place remboursent largement le déplacement. De plus cela nous permet d'aller voir les boutiques locales et de présenter le jeu...Cela fait aussi parler de l'association et permet de rencontrer différents éditeurs, de se présenter...Enfin pour tout cela c'est extrêmement positif. En plus pour un auteur, faire jouer à son jeu et voir qu'il est apprécié, c'est gratifiant ! On réfléchira plus à l'impact financier quand on ne sera plus considéré comme un petit éditeur et qu'il nous faudra un stand, c'est un autre budget...Le mieux sur un salon c'est que vous pouvez faire essayer le jeu au public certes, mais surtout aux boutiques et leur montrer que cela plait... Si une vendeur est convaincu qu'un produit est bon il le vendra d'autant mieux...
5- Quelles seront vos prochaines parutions ? Quels sont vos projets les plus avancés ? Sur quels types de mécaniques reposent-ils ? Antoine Riot : C'est une bonne question à laquelle je répondrai de manière évasive. Nous travaillons sur 10 projets de front, tous différents, du jeu stratégique pour public averti, au petits jeux d'animation rigolos en passant par le jeu de plateau enfant ! Donc là je ne peux que vous dire à suivre...
Jeuxyannick remercie Antoine Riot pour sa participation à ce blog et bon courage pour tous ces futurs projets !