Jeuxyannick a le plaisir d’interviewer aujourd’hui un tout nouvel acteur de l’univers des jeux de société : la Radio des Jeux. Et comme son nom l’indique, il s’agit de la première émission de webradio entièrement dédiée aux jeux de société et leurs principaux acteurs. Accueillons Frédérick Brelot pour notre jeu de questions-réponses où les rôles seront pour l'occasion inversés : les intervieweurs sont aujourd'hui interviewés
1- Vous venez de lancer un projet innovant de radio sur l'univers des jeux de société qui s'appelle "La Radio des Jeux". Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de ce projet ? Quel fut le point de départ de cette belle aventure ? Frédérick Brelot : L’idée d’une radio sous la forme d’un podcast me trotte dans la tête depuis plus de deux ans. Je suis amateur de poker (oui, c’est le mal absolu), et j’écoutais un podcast dédié au poker, chaque semaine. J’adorais écouter ces professionnels du secteur réunis dans une bonne ambiance pour partager leurs expériences et raconter leurs parcours. L’idée de transposer ce type d’émission dans le monde du jeu de société revenait à chaque écoute, mais les conditions n’étaient absolument pas réunies pour le faire. J’avais changé de région et je ne connaissais personne d’assez fou pour se lancer dans cette aventure, la localisation à Strasbourg apparaissant en outre rédhibitoire. J’en ensuite rencontré l’inénarrable Guillaume Montiage, qui me tolère comme ami lorsque je lui offre une bière. Lorsqu’il m’a proposé de contribuer à l’extraordinaire site GN et Jeux, l’envie de réaliser ce podcast s’est manifesté de manière trop importante pour refouler mes instincts primaires. J’ai donc osé lui révéler mes désirs les plus fous : cette radio. Guillaume a rapidement été conquis par le projet, puis tout est allé très vite. Nous avons rapidement acheté le matériel, mis en place le site, trouver un nom à la radio, décidé d’un logo, etc. Guillaume a eu l’intelligence (et le courage, je l’en remercie) de me cadrer, tout fou que j’étais. Un exemple ? J’envisageais une émission quasi-hebdomadaire au début, ce qui m’apparaît aujourd’hui totalement impossible, puisqu’il nous faut près d’une vingtaine de jours pour préparer chaque émission. Nous avons ensuite réalisé 2 émissions pilotes afin d’être prêts. Le reste, vous le connaissez.
2- Avez-vous le sentiment que l'univers des jeux de société est oublié des grands médias et qu'il mériterait une bien meilleure place non seulement dans les quotidiens papiers, mais également à la télévision ? Frédérick Brelot : Le monde du jeu de société se divise en deux catégories : ceux qui (se) creusent (les méninges pour trouver des mécaniques alléchantes), et ceux qui ont le pouvoir commercial. Donc si on observe l’ensemble des jeux de société, on peut penser qu’ils sont relativement présents dans les médias, même si c’est malheureusement trop cyclique (à l’approche de Noël notamment). En effet, il existe des publicités télévisées, des reportages chez les éditeurs/distributeurs, etc. Mais cette présence médiatique ne concerne que les jeux de société de la grande distribution, ces jeux datant souvent de plusieurs décennies. Les jeux « modernes » tel que nous les apprécions ne bénéficient par contre d’aucune présence dans les médias. Il est même étonnamment rare qu’un journaliste s’intéresse aux boutiques spécialisées, qui pourtant sont présentes dans la plupart des grandes villes. Il y a bien des évolutions positives, notamment avec quelques passages radio, mais elles sont encore très insuffisantes, quasi-anecdotiques. En tous cas pour les jeux de société « modernes ». Avec la Radio des Jeux, nous essayons de contribuer autant que possible et à nos très modestes moyens, à la mise en avant du jeu de société moderne. Lorsqu’on voit l’excellent classement de la Radio des Jeux dans la catégorie Hobbies d’Itunes, on peut effectivement penser que le jeu de société devrait prendre davantage de place dans les grands médias.
3- Ferez-vous un suivi spécifique de tous les grands salons du jeu de société dans vos émissions ? Frédérick Brelot : Clairement non. Nous manquons de moyens, puisque l’intégralité des dépenses de la Radio des Jeux repose actuellement sur Guillaume et moi-même. Les investissements pour s’équiper ont été particulièrement lourds, et il n’est financièrement pas envisageable de couvrir davantage de salons, même si nous le regrettons. Nous serons toutefois présents à Cannes en mars car le Festival nous a gracieusement invité, et très probablement à Essen en octobre.
4- De votre point de vue de média indépendant, pensez-vous que l'univers du jeu de société soit trop concentré autour d'une poignée de créateurs et d'éditeurs ? Frédérick Brelot : Ce n’est pas du tout mon cœur de métier, mais je m’essaie à une réponse. Du point de vue économique, il apparaît évident que les économies d’échelles ne peuvent être réalisées que sur des tirages importants. D’un point de vue commercial, les effets de gammes sont importants pour le consommateur. D’un point de vue éditorial, la semi-professionnalisation des auteurs français contribue à leur présence sur la scène ludique internationale. Certes tous les auteurs (novices ou professionnels) ont leur chance, puisque la condition première pour qu’un jeu soit édité est qu’il soit bon. Toutefois, il est plus facile de trouver des débouchés lorsqu’on dispose de réseaux, de contacts, voire d’une renommée en tant qu’auteur. De ce fait, la professionnalisation progressive des auteurs m’apparaît comme un phénomène logique, et quasi-inéluctable, même si de jeunes auteurs continueront de percer continuellement. Cette évolution est probablement vraie dans tous les domaines de la création. En résumé, il me semble que l’impression de concentration autour de quelques auteurs et éditeurs est tout à fait logique, que cela soit en termes économiques, commerciaux et éditoriaux. Toutefois, il existe toujours des niches, dans laquelle s’engouffrent continuellement de « petits » éditeurs. Et j’avoue que le nombre d’éditeurs disposant de catalogues relativement réduits m’apparaît étonnamment élevé. Alors qu’il y a une quinzaine d’années, seuls quelques éditeurs étaient présents sur le marché, on en compte plusieurs dizaines dans les pays francophones, avec des structures parfois très petites. Ces niches de marchés contribueront peut-être, à terme, au processus schumpeterien de création destructrice. Mais pour la Radio des Jeux, tout ceci n’a pas une immense importance :o))
5- Envisagerez-vous des débats Créateurs/Joueurs lors de vos prochaines interviews ? Et quelles seront les grandes lignes de votre politique éditoriale pour le reste de la saison ? Frédérick Brelot : Tout dernièrement, nous avons effectivement beaucoup réinvesti, afin de pouvoir réaliser des émissions jusqu’à 8 personnes ! De ce fait, des débats créateurs/joueurs, ou même des débats entre éditeurs sur l’évolution du Jeu de société, deviennent possibles et envisageables. Concrètement, et pour des raisons pratiques, cela ne pourra avoir lieu que lors de grands salons. Pourquoi pas à Essen, même si rien n’est actuellement prévu.
Pour cette fin de saison, nous essaierons de nous tourner entre autres vers des éditeurs francophones mais non-français, et nous essaierons de nous ouvrir vers d’autres acteurs du monde ludique (pas seulement des éditeurs/auteurs).
Jeuxyannick vous remercie pour votre participation à ce blog et ne peut qu'encourager tous les lecteurs de ce blog à se rendre sur votre site pour retrouver vos émissions sous forme de streaming (
pour écouter les émissions), très bonne continuation et longue route à La Radio des Jeux !