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1- Olivier Pauwels, vous êtes passionné par la création de jeux de société. Quel est votre parcours personnel ? Comment vous décririez-vous en quelques mots ? (Quelles sont les catégories de jeux qui vous plaisent le plus)
Olivier Pauwels : J’ai suivi une formation de design graphique et je travaille actuellement dans une agence de pub. Le plus clair de mon temps libre est utilisé pour dessiner ou concevoir des jeux. Je ne suis pas du tout rôliste dans l’âme bien qu’un jeu comme Hollow Earth Expedition me tente terriblement par exemple. Ma préférence va vers les jeux de plateau ou de cartes et je suis très sensible à ceux qui ont un background assez présents et qui sont esthétiquement poussés. J’ai beaucoup de plaisir à jouer à Jamaïca, même si la stratégie est limitée, le thème et le matériel me donnent envie de sortir la boite régulièrement.
2- Vous avez imaginé un jeu de société qui s’appelle Bayou Bayou. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quelles sont les ressorts forts de ce jeu ? Auprès de qui l’avez-vous testé ?
Olivier Pauwels : En fait, je travaille à l’envers. C’est souvent quelque chose qui à retenu mon attention qui déclenche mon envie de concevoir un jeu. J’essaie ensuite de trouver un mécanisme à même de correspondre au sujet. Pour Bayou Bayou, c’est en voyant un reportage sur les chasseurs dans le bayou cajun. Je me suis dit qu’il y avait là matière à faire un jeu. Comme le bayou fonctionne à la façon d’un labyrinthe, créer un plateau fixe aurait été un non-sens pour ce projet parce cela aurait tout de suite dévoilé l’espace de jeu. Si vous n’êtes pas un «natif», je vous mets au défi de vous repérer dans cette mangrove ou tout se ressemble. J’ai donc opté pour des tuiles qui révèlent le bayou à mesure que les joueurs progressent. Les chasseurs y découvrent les alligators et doivent monter leur stratégie en conséquence tout en bloquant leurs adversaires. C’est d’ailleurs assez jouissif de placer un moustique là ou les autres joueurs sont persuadés de réaliser une bonne chasse. Comme d’habitude, il a été testé par pas mal de gens d’âges différents mais la première à avoir joué avec le proto en y prenant plaisir est ma fille de 5 ans. Même si elle n’y joue pas avec la réflexion d’un adulte, il y a du calcul et de l’observation. Tout est fait de manière ludique ce qui me permet de dire que le jeu fonctionne aussi avec les enfants.
3- De manière générale, que pensez-vous des soirées de tests de prototypes ? Sont-elles suffisamment répandues en France ?
Olivier Pauwels : Ces soirées permettent souvent de «nettoyer» un jeu. Quand on met au point un proto, on part dans des délires de concepteurs avec des pions, des cartes, des plateaux, des marqueurs ou encore des dés à profusion. Sauf que la finalité de tout cela est quand même l’édition qui impose des impératifs financiers. C’est fou la quantité de matériel qui ne sert à rien et ce nettoyage permet de supprimer tout ce qui n’est pas vraiment indispensable au bon fonctionnement du jeu. Ces soirées permettent également de se remettre en cause. Un jeu qui flatte l’égo n’est pas forcément bon et il faut savoir encaisser des critiques pour parfois prendre une direction totalement différente.
Mais bon, lorsque l’on a une vie de famille et un travail loin de chez soi comme c’est mon cas, le temps reste minime pour concevoir ses protos et participer à des soirées tests. J’avoue qu’ils sont souvent testés entre amis, avant d’être montrés à des «inconnus», ce qui n’empêche d’ailleurs pas les critiques de fuser mais c’est toujours dans la bonne humeur.
4- Qu’avez-vous pensé de la troisième édition du Monde du Jeu 2010 ? Quels sont les jeux qui ont retenu votre attention ?
Olivier Pauwels : Je pense que cette édition est une réussite. Beaucoup, beaucoup de monde. C’est une très bonne chose pour le secteur du jeu de société. De plus, utiliser le même espace pour les jeux vidéos a permis à des gens qui n’étaient pas vraiment là pour ça, de découvrir que l’on peut jouer autrement que face à son écran. C’est aussi l’occasion de découvrir de nouveaux éditeurs et de parler avec des concepteurs qui sont toujours très disponibles. Beaucoup de jeux ont retenu mon attention lors de ce salon et si je devais mettre l’accent sur un en particulier, ce serait Death Angel, un jeu qui à le mérite d’exister pour 1 joueur. Ce qui est extrêmement rare. Je suis d’ailleurs sur un projet en ce sens avec DeadTown. Du solociété en quelque sorte.
5- Quels sont les jeux que vous attendez le plus pour Essen ?
Olivier Pauwels : Les miens. Blague à part, Essen est quand même le temple mondial du jeu de société. L’occasion de découvrir des jeux en très petit tirage et des futurs cartons. Je n’ai (avec regret) pas la possibilité de m’y rendre cette année. Mais Asara, Inca Empire et Isla Dorada sont en tête de mes attentes.
Jeuxyannick remercie Olivier Pauwels pour sa participation à ce blog et lui souhaite plein de réussite pour ses futures créations ludiques !