Créer un jeu de société : 5 choses à savoir !

Créer un jeu de société...quel vaste programme ! Par où commencer ? Quelles directions suivre ? Voici un résumé des choses à faire et des choses à ne pas faire ! En lisant et article, vous comprendrez mieux les étapes nécessaires pour mener un projet de création de jeu de société vers la réussite !

Créer un jeu de société : Chose à savoir n*1

Pour créer un jeu de société, il faut être motivé. Dans la vie il y a 3 types de motivation : la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et la motivation prosociale. Dans le cadre d'un projet de création de jeu de société, le premier type de motivation ne vous mènera pas très loin. Au mieux vous finirez avec un prototype papier entre les mains, mais rien de bien concret. Ce n'est pas la motivation intrinsèque qui dicte la création d'un produit qui, rappelons le, est destiné aux autres ! La motivation intrinsèque, c'est cette petite voix intérieure qui vous dit de vous surpasser. Elle vous indique le chemin à suivre et elle est fort utile dans les projets individuels. Si vous avez envie d'écrire un livre, ce type de motivation est parfaitement adapté. On écrit un livre général pour soi, pour raconter une histoire, voire sa propre histoire (auto-biographie). C'est un exercice très personnel. Il rencontre le public ou non. Là n'est pas forcément la question. Dans le cadre d'un jeu de société, c'est tout autre chose ! Le produit est clairement destiné aux autres ! Ne pas tenir compte de ce paramètre majeur, c'est passé sa vie de créateur à ne faire que des projets ludiques qui ne plairont jamais massivement. Par conséquent, ce n'est pas la motivation intrinsèque qui va jouer. Ni d'ailleurs la motivation extrinsèque, qui est souvent liée à des récompenses financières, des grades...etc. On n'est pas en entreprise et hormis quelques cas exceptionnels, l'immense majorité des jeux de société ne recevront jamais de prix durant leur existence. L'un des meilleurs à recevoir est celui du Concours Lépine. Gratifiant car remis par un Jury véritablement indépendant, relayé par une presse généraliste et présenté à un public qui représente vraiment ce qu'est le grand public, il ne peut en lui-même être la pompe à énergie pour un créateur pour aller au bout de ses idées. Cela limiterait drastiquement son nombre de création durant sa carrière ! La véritable motivation qui permet d'avancer est celle qui est dite "prosociale", c'est à dire dépendante des autres. C'est en voyant des tablées entières s'amuser avec un jeu, c'est en prenant plaisir à décortiquer les éléments d'une mécanique qui enflamment les débats qu'un auteur peut s'améliorer et avoir le jus nécessaire pour aller au bout de son projet. La satisfaction passe par le sentiment du travail accompli. On ne le ressent pas tant qu'on n'a pas multipliée les playtests externes avec des joueurs que l'on ne connaît absolument pas. Comme dit dans d'autres articles ici-même sur ce blog, tout le but du créateur est de réaliser ce genre de sessions de "crash test" sans participer aux parties, ni interférer pendant les échanges. A un moment donné, il faut laisser vivre son jeu tout seul car vous ne pourrez pas être derrière chaque acheteur et leur expliquer des points de règles. Tout cela pour dire qu'il vous faut analyser finement ce qui vous fait vibrer dans cette industrie et ce qui vous motive à aller de l'avant. Si c'est la simple idée de voir votre nom sur le devant d'une boîte de jeu, reconnaissez que ce n'est pas là la bonne source de motivation par exemple !

Créer un jeu de société : Chose à savoir n*2

Cela met du temps de réussir. Il faut prévoir devant soi entre 10 et 15 ans ! Vous pourrez réussir en moins de 24 mois mais très objectivement c'est extrêmement rare. La création de jeu de société est ce que l'on appelle du temps long. Les idées ne viennent pas tout de suite et de surcroit leur implémentation amène souvent à des échecs flagrants. Il faut pouvoir s'en remettre et remonter sur sa monture. Certains prototypes vont rester ainsi trois ou quatre ans à prendre la poussière jusqu'au moment où le cerveau a enfin un déclic et qu'il trouve l'élément crucial qui manquait pour pimenter les choses. Créer un jeu de société n'est pas un processus linéaire. C'est très clairement ce que l'on appelle un processus stochastique "à saut", c'est à dire qu'il n'est pas continu. Il y a un écart très fort entre certaines versions. Certaines règles peuvent changer du tout au tout et le jeu prend une dimension absolument autre. C'est ainsi. Certains changements amènent même à la création d'un jeu totalement différent. C'est bien la raison pour laquelle il ne faut rien s'interdire et surtout pas cette notion de "perdre du temps". Chaque playtest avec des règles absurdes pour crash tester son jeu n'est absolument pas du gaspillage. Au pire vous avez vu que votre règle du jeu est robuste dans telle ou telle configuration et qu'un léger rééquilibrage peut amener à mieux gérer des cas de figure plus complexes. Et peut-être trouverez-vous des voies alternatives hyper intéressantes à exploiter au détour de certaines découvertes totalement inattendues. Jouer et "varier son jeu" font partie du métier de créateur. Plus vous passerez de temps sur l'une de vos créations, plus vous vous apercevrez de la finesse à apporter à vos choix de règles. Vous réussirez à épurer certains points. Il faut maîtriser son jeu de bout en bout, tout en variant le profil des joueurs qui viennent découvrir votre prototype. Par ailleurs, le temps permet de trouver une meilleure thématique en général, un bien meilleur nom...etc. Il y a des vertus à ne pas se précipiter. Finalement la saisonnalité très forte dans ce secteur fait que vous n'avez aucun intérêt à mettre la charrue avant les boeufs. En gros, vous avez une fenêtre de tir entre fin janvier et fin avril pour présenter vos nouveautés et ensuite vous pouvez attendre tranquillement l'année suivante, sans vous mettre de pression et en multipliant les sessions de test. Mieux vaut arriver avec un projet parfaitement ficelé plutôt que d'en être encore dans le flou le plus total. C'est ce qui distingue les auteurs expérimentés des auteurs novices. Vous serez forcément déçu en montrant un projet qui n'est pas abouti. Personne n'est dupe et cela se ressent immédiatement en jouant ! En gros, si vous sentez qu'il y a un doute, c'est qu'il n'y a pas de doute ! Votre projet n'est bon que si il est 100% fluide. Tout le reste doit être travaillé. Passez-y le temps qu'il faudra. Dites-vous bien que votre carrière dans ce secteur ne peut s'inscrire que sur une décennie, voire plusieurs !

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